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Jean Christophe Portes
Les enquêtes de Victor Dauterive
«Victor Dauterive, un enquêteur sous la Révolution»

Les personnages

Victor Dauterive, 17 ans en 1789

Victor Brunel de Saulon, chevalier d’Hauterive, est né au mois d’avril 1772 en Bourgogne dans une famille aristocrate. Le père, le marquis de Saulon, est un homme rude qui le jalouse et le brime, ce qui façonne pour toujours son caractère rebelle.

Alors qu’il pense devenir militaire, son père veut en faire un prêtre : il l’envoie faire ses humanités chez dans un collège Oratorien. C’est là que le jeune homme découvre, grâce à un prêtre éclairé, les philosophes, Voltaire, Mably, mais surtout Rousseau. Il sera influencé à jamais par les idées du « grand Jean-Jacques ».

A 16 ans, en 1788, sa vie bascule : son père l’envoie comme secrétaire du procureur de la maréchaussée à Sens, un certain Jaillard. Le jeune homme se découvre alors des talents inattendus d'enquêteur. Cette première aventure l’amène à rencontrer, à l’été 1790, le marquis de la Fayette. Une rencontre qui fait basculer son destin.

À l’époque, le marquis est le personnage central de la révolution, ardent promoteur d’une monarchie constitutionnelle. Une amitié quasi filiale naît aussitôt entre les deux hommes, que quatorze ans séparent. Apprenant l’histoire de Victor, La Fayette lui offre la liberté, grâce à un poste d’officier dans la future Gendarmerie nationale. Il servira à garde de l’Hôtel de ville de Paris, dont il pourra facilement être distrait pour le besoin de ses missions. Les deux hommes sont persuadés qu’aucune trahison n’est possible entre eux… 

Mi-enquêteur, mi-agent spécial, Dauterive a été à bonne école. Vassel, un vieux sergent de la prévôté, Jaillard, un procureur puis Chesnel, un avocat, lui ont enseigné les ficelles du métier. Avec eux, il a appris les l’art d’interroger, en alternant naïveté et menace. Certaines de ses armes, qui lui sont propres, sont plus surprenantes. Ainsi, il dessine remarquablement, talent bien utile pour rechercher des suspects, à cette époque où les signalements de personnes sont assez succincts.  Silencieux, rusé, l’air naïf, il sait se glisser dans tous les milieux, user de toutes sortes de déguisements. Son vernis social est suffisant pour approcher le pouvoir. Il peut également se fondre dans les bas-fond, lui qui a passé sa jeunesse à se bagarrer avec les petits paysans de sa Bourgogne natale.

Ce jeune homme assez mince, se montre soigneux de sa personne, utilisant comme le jeune Bonaparte de la pâte pour les dents, se rasant lui même et se lavant régulièrement les cheveux à l'eau de Cologne. Son visage un peu boudeur qui lui confère une apparence parfois un peu triste. Régulièrement, il s'exerce à l'épée et monte parfaitement, traces de son éducation aristocrate. Un corps mince, mais musclé et nerveux, à l’exemple de ses mains, fines mais solides. Sa bonne tenue, sa vigueur, ses yeux d'azur et ses lèvres boudeuses ne laissent pas les dames indifférentes.

Peu attaché aux apparences et à l’élévation sociale, c’est un patriote sincère, attaché aux grands principes de la révolution. Comme beaucoup, il a d’ailleurs renié sa particule et son titre, par amour de l’égalité. Il reste cependant un jeune privilégié, insensible aux profondes injustices qui subsistent, et toujours imprégné des préjugés de son temps. Les épreuves qui s’annoncent ne manqueront pas de le faire évoluer.  

Duperrier 69 ans en 1789

Jean-Baptiste Duperrier est né au début du siècle dans le Béarn, dans une modeste famille de commerçants. Après son droit à Toulouse, il monte à Paris, où il intègre à moins de vingt ans le Grand Châtelet, l’équivalent de la préfecture de police de Paris de l’époque. L’apparition de solide forteresse « surgie du fond des âges », le marque pour toujours. Il y entame une carrière de greffier.

Pendant des décennies, il assiste aux procédures, aux audiences solennelles, aux procédures en chambre seigneuriale ou devant la prévôté. Il assiste à des centaines d’enquêtes, enregistre foule de plaintes. Rien ne lui échappe ! Il est la mémoire du Châtelet.

Célibataire endurci, on ne lui connait pas d’aventure. Il fréquente l’église, tapisse les murs de son logis d’images pieuses et abhorre les idées nouvelles, qui font le malheur du pauvre monde. Son seul plaisir, c’est la gastronomie. Avec des amis choisis, il explore les nouveaux restaurants de la capitale. Chez lui, il reproduit certaines de ces recettes avec un art très élaboré.

Côté politique, il est surtout conservateur. Il a assisté, impuissant, à la montée des idées nouvelles, à l’affaiblissement progressif du pouvoir royal. Louis XVI, le meilleur des rois, affronte la pire des tourmentes.

Cette prétendue révolution, qui prétend à l’égalité pour tous,est un désastre. Comble de malheur, la justice aussi est touchée: toutes les anciennes institutions sont remplacées par de nouvelles, et un code pénal voit le jour.

Le vieil homme, qui pensait l’ordre des choses éternel, assiste à la fermeture du Châtelet, tandis que les prisonniers sont répartis dans d’autres prisons parisiennes. L’antique monument étant promis à la fermeture il est chargé d’en classer toutes les archives.

C’est à ce triste moment de sa carrière qu’il rencontre Dauterive. Malgré tout ce qui les sépare, une forme d’estime nait, d’autant qu’une épreuve commune les rapproche lors de « l’affaire des corps sans tête. »

Vassel, 37 ans en 1789

Joseph-Frédéric Vassel, ancien soldat, fait partie de la Maréchaussée. Il est sergent de la prévôté du bailliage seigneurial de Sens. Il fait la connaissance de Dauterive en 1789, alors que celui-ci est aux ordres du procureur de la Maréchaussée, Jaillard. Il ne supporte pas la violence dont ce dernier fait preuve envers Dauterive, et le protège d’ailleurs à un moment critique.

Une amitié très forte nait entre les deux hommes. Elle ne se démentira pas au cours des années. En 1791, Vassel, qui a tout naturellement intégré la Gendarmerie, intervient et sauve une seconde fois Dauterive. Il a surpris une attaque qui se tramait contre le jeune homme et vient à son secours, à Paris.

L’un des qualités de Vassel vient d’abord de son physique : ce colosse de 4 pieds 6 pouces est une montagne de muscle qui impressionne toujours. Fidèle à ses valeurs et au respect de la loi, il est incorruptible. Et tout naturellement rompu aux armes et au combat.

Il n’est pourtant pas sans défauts... D’abord celui de sombrer facilement dans la violence, utilisant un peu trop volontiers les anciennes pratiques de la police royale, menaces ou torture. Des tendances que Dauterive s'efforce de tempérer.

Mais le plus gênant est sans son penchant pour la boisson. Il lui arrive de craquer, de devenir fou ! Dans ce cas, il est capable du pire…

Dans « l’affaire des corps sans tête », il retrouve Dauterive à Paris, où il aide le jeune homme dans son enquête.

Charpier, 38 ans en 1789

Sans la révolution, le destin d’Antoine Louis Charpier aurait sans doute été classique, celui d’un membre de la moyenne bourgeoisie parisienne.

Né dans une famille d’éditeurs aisés à Chartres, il commence une carrière de graveur et de dessinateur avant la révolution. Il fréquente alors des hommes comme Brissot, futur tête pensante de ceux qu’on appellera les « Girondins », ou encore Pétion, qui sera maire de Paris.

Ambitieux, cet homme dur et calculateur s’intéresse à la politique, pour les opportunités immenses qu’elle offre alors. Il se trouve aux avant-postes lors de la prise de la Bastille. Il est proche d’hommes comme Santerre, un riche brasseur, dont il devient le beau fils. Il fréquente également Danton, un avocat qui se lance aussi dans la politique, orateur assez écouté par le peuple.

Membre de la garde nationale, et plus particulièrement du «  bataillon des Vainqueurs de la Bastille  », il est élu commissaire de police au district du Théâtre Français. Il devient rapidement, par ses relations, secrétaire particulier du duc de Chartres, le fils du duc d’Orléans (et futur Louis-Philippe).

Il fait la connaissance de Dauterive en 1791, dans « l’affaire des corps sans tête ». Une rencontre rugueuse, pour ne pas dire périlleuse.

Il faut dire que Charpier est aux antipodes du caractère du sous-lieutenant. Cynique et retors, on ne sait jamais qui il sert. Comme beaucoup, il est surtout attentiste. Il est de cette génération qui a participé à la première révolution de 1789, sans en être véritablement acteur de premier plan. Il sent que la révolution n’est pas terminée, et qu’il y aura de nouveaux bouleversements. Et par conséquent de nouveaux postes à prendre, pourvu que l’on soit dans le camp des vainqueurs…