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Jean Christophe Portes
Les enquêtes de Victor Dauterive
«Victor Dauterive, un enquêteur sous la Révolution»

Révolution dans la Police et la Gendarmerie

Sous l’ancien régime, la police est assurée à Paris par le lieutenant général de police, un poste essentiellement politique. Il s’agit depuis Louis XIV de surveiller la capitale, d’y assurer la sécurité mais aussi de prévenir les troubles et les désordres politiques. Des commissaires veillent à l’ordre dans leur quartier. Ils ont acheté leur charge et leurs interventions sont souvent payantes. Leurs attributions sont multiples : lutte contre la criminalité, hygiène, jeux, prostitution, querelles de voisinage, tout y passe. Les parisiens se plaignent de la corruption qui règne chez ces fonctionnaires. Au fil des années, le rôle politique de cette police s’affirme. La moitié du budget est consacré à la rémunération des « mouches » des espions qui dénoncent ou renseignent le pouvoir. Les personnalités sont fichées, leur correspondance scrutée.

Hors Paris, c’est la Maréchaussée qui maintient l'ordre. Le corps, dont la création remonte au Moyen-Âge, servait au départ à protéger les grands chemins des attaques de mercenaires. Peu à peu, elle est devenue une police des campagnes — l’essentiel du territoire —. Le maillage territorial est institué au début du 18ème siècle. Les gendarmes doivent être d’anciens militaires. Beaucoup de délits sont jugés par les juges prévôtaux, qui appartiennent à la Maréchaussée.

À la révolution, la police, discréditée, est dispersée. La lieutenance de police est fermée et les commissaires dispersés. Ces derniers subsisteront à Paris et dans les grandes villes, mais ils seront élus, et leurs actes seront entièrement gratuits.

Pour les appuyer, une force armée composée de citoyens : la garde nationale. Créée au moment de la prise de la Bastille à Paris, elle s’est étendue dans tout le pays. Seuls les citoyens actifs — ceux qui payent un impôt supérieur à 3 journées de travail — peuvent y prendre part. La Fayette commande à ces hommes à Paris. En province, ils sont placés sous l’autorité des municipalités. Une immense « Fête de la Fédération » regroupe tous ces hommes devant 300 000 spectateurs au champs de Mars, le 14 juillet 1790. Ce sera l'origine de la fête nationale. 

De l’ancien régime, seule subsiste la vieille Maréchaussée. Mais elle doit se métamorphoser. Renommée « Gendarmerie nationale », elle voit ses règles totalement bouleversées.

Désormais, la vénérable institution devra respecter les droits de la défense et de ceux du prévenu. Elle ne devra agir que sous les ordres du pouvoir civil, selon des lois écrites. Elle ne pendra plus les voleurs au bord des chemins. Elle ne torturera plus… Bref, une police idéale, agissant selon les principes de Rousseau et de Voltaire. Voilà la feuille de route. Mais les temps qui s’annoncent rendront cet idéal bien difficile à attendre.